Le point sur...
La peur du portable
Le «Grenelle de la téléphonie mobile» inauguré mercredi dernier s'annonçait musclé. Et puis l'ambiance a changé après les déclarations d intention des trois ministres Roselyne Bachelot, Nathalie Kosciusko- Morizet et Chantal Jouanno «d'interdire la commercialisation des portables pour les moins de 6 ans et d'encadrer leur utilisation pour les moins de 12 ans». «Manifestement, on a franchi une étape. Il y a une réelle prise de conscience sur la dangerosité des mobiles», confie Stéphen Kerckhove, de l'association Priartém, pourtant très remontée contre le gouvernement. Il était temps : c est en 2005 que l' Afsset (Agence française de Sécurité sanitaire de l'Environnement et du Travail) suggérait de prendre ces mesures et d'engager une campagne de prévention sur le port de l'oreillette. Une recommandation alors tombée dans l'oreille d'un sourd. Depuis, les premières études nationales de l'enquête «Inter phone» sont venues confirmer les risques. Au bout de dix ans d'utilisation, le risque de déclencher des neurinomes de l'acoustique (tumeur bénigne) est multiplié par quatre. Risque accru aussi pour les tumeurs cérébrales et de la glande parotide. Et pourtant certains opérateurs continuent de faire de la pub sur Google pour des «mobiles adaptés aux enfants». Tandis qu'un fabricant espagnol met sur le marché en janvier dernier un vrai portable, au look de jouet, pour les 6 ans ! Reste la question des antennes-relais, dont la dangerosité est controversée mais qui mettent les opérateurs en grande difficulté. Les décisions judiciaires de démantèlement d'antennes au nom du droit constitutionnel à «vivre dans un environnement équilibré et favorable à sa santé» risquent de se multiplier. Et, comme l'a noté Stéphen Kerckhove lors de la réunion de jeudi, «les baux signés voilà dix ou quinze ans par les particuliers ou les copropriétés pour installer une antenne sur leurs toits arrivent à échéance et beaucoup pourraient ne pas être reconduits» du fait de l'inquiétude de l'opinion. Si les opérateurs souhaitent garder le maillage de leur réseau, ils ont donc intérêt à donner des gages. A rassurer. Après tout, les associations ne demandent pas une éradication. Mais le «redéploiement» de 10% des antennes les plus fortement émettrices. Et le passage, qui peut être progressif, à un taux de 0,6 volt par mètre. Une norme déjà en vigueur en Autriche.
Guillaume Malaurie
Le Nouvel Observateur
Saturday, May 16, 2009
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